Tonton Tòni
Cette chanson traverse le XXème siècle en suivant la vie humble et courageuse de notre oncle, « Tonton Tòni », né Antoine Toucas à Solliès-Toucas (Var) en 1932 .
Ainé d'une famille très modeste de 7 enfants, la poliomyélite retarde sa croissance et au sortir de son apprentissage aux Chantiers Navals de La Seyne/Mer en menuiserie, à 17 ans, il s'entend dire « retourne à l'école » : il mesure 1m45. Il grandira pourtant encore assez pour faire ses 18 mois d'armée, se marier et être renvoyé en Algérie .
Rendu à la vie civile, à son atelier et à notre tante, enfin papa en 1962, il se lance dans la restauration, presque la reconstruction, de la vieille maison familiale à Toucas . Alors qu'il ne reste que l'aménagement du grenier à faire, tout est laissé en plan le 24 avril 1978 : notre père vient de mourir subitement, à 30 ans.
L'année d'après, Tonton, Tatie, notre cousine, notre mère et nous emménageons dans une grande maison où nous vivrons tous heureux jusqu'à sa vente en 1991 . Il y a un potager, une volière, un poulailler, c'est un peu la campagne de Toucas dans le béton de La Seyne . Tonton répare, construit, cultive, égorge, bricole, nous mène partout, il sait tout faire, les meubles, la cuisine, les problèmes de maths, il conduit pour tout le monde, va à la chasse avec un magnétophone et finit nos assiettes en buvant de la Villageoise . Il fume ses 2 paquets de Gauloises par jour et s'endort souvent en ronflant puissamment, Var-Matin ou Le Canard enchaîné frissonnant sur son gros ventre . C'est la belle vie .
Nous vivrons ensuite séparés, mais l'ère du « je passe voir Tonton » semblait ne devoir jamais s'arrêter ; chaque anniversaire le laissait un peu plus surpris d'avoir atteint son âge, c'était pas prévu . Comme un chêne, on ne le voyait pas vieillir . Et bien qu'il ait « ravalé l'extrait de naissance » en 2019, sa présence sans esbrouffe ne nous abandonne pas, et cette chanson exprime et nous l'espérons communique la joie de ressentir cette force .