LES CAILLOUX
"Peut-être faites-vous partie de ceux qui vont avoir la chance de découvrir, avec un peu de retard, cet album qui avait quelques jets de pierre d'avance.
En 2010, avec « les cailloux », Cédric et Sébastien Psaïla se posaient déjà la question qui deviendrait emblèmatique chez les sociologues prés de dix ans plus tard : « Où atterrir ?»
C'est une maison de pierre au sol de terre battue, repérée au cours d'une tournée au cœur de la Nièvre et que les deux frères décident de remettre en état pour s'en faire une étape et un refuge, qui sera la matrice du projet. « Les cailloux » , c'est avant tout un disque de chantier, un chantier ouvert au vent et au froid au sein duquel guitare et violon relaient un instant la pelle et la pioche, une œuvre à la fois minérale et viscérale.
La vie qui vient ne manque pas d'air, on peut y croiser des comètes ou des amours inflammables, mais inexorablement elle nous ramène à la terre. Et la glaise colle aux semelles des crevards qui colportent leurs mains, leurs rires et leurs cœurs, manière de rappeler que la route n'est pas qu'une ligne de fuite.
Forts de ce constat, nos deux artistes ont le courage de sonder avec délicatesse leur géologie intime pour y poser les fondations d'une poésie de plus en plus ample, qui sait être lyrique mais jamais hors sol.
Une poésie qui se construit autant à la force des bras qu'à la force des rêves.
Une poésie de partage, l'album est émaillé de beaux moment de compagnonage : la trompette d'Hubert, le banjo de Tony et les voix de La Gapette .
Une poésie de combat, parfois militante lorsqu'il s'agit d'interroger notre façon d'occuper le terrain, nous offrant au passage un des tout premiers hymnes à la décroissance, « on veut moins, on veut mieux » .
« Les cailloux », c'est en quelque sorte l'oeuvre au noir des frères Psaïla.
Une poignée de chansons brillantes comme des pierres sous l'averse et qui résonnent comme un traité d'alchimie. L'homme enraciné et bâtisseur y trouve sa véritable dimension.
Debout entre terre et ciel, toujours en quête de lui-même, celui qui ne craint pas de se perdre pour mieux se retrouver, celui qui ne craint pas de creuser pour trouver la lumière, apprendra à savourer de belles heures et trouvera même l'audace de consoler la lune.
Tous ceux qui ont assisté à un concert de Petite Musique savent que ce sont plus que jamais des chants de ralliement .
Mais chut, c'est un secret..."
Un vaillant qui veille, mars 2022
" Le quatrième album des frères Psaïla, "les cailloux", est une véritable découverte. Alternant gaieté et mélancolie, joie de vivre et réflexion sombre sur l'Homme, le duo parvient à réaliser la prouesse de mélanger ces sentiments tout au long du disque. "Lune idéale" illustre parfaitement ce propos : ouverture calme et recueillie, "je suis tout seul, il y a du mistral", un violon fragile semble bercé par la guitare et le vent... Et puis c'est l'envolée, "parce que la lune est amoureuse, parce que ses rêves ont les yeux pâles, et des alibis de fortune et des lueurs aventureuses", le rythme et les chants s'emballent, la chanson devient puissante. Inattendu et efficace.
On ne sort pas indemne de morceaux comme "les cailloux", "la chanson des crevards" ou "le feu". Tout y est : des textes engagés, forts, poétiques, teintés parfois d'humour noir mais qui ne sombrent jamais dans le cliché, et une musique à l'énergie et aux émotions contagieuses. (...)
Un album touchant parce qu'il parle de sentiments humains (l'amour, la peine et la joie) et de valeurs humaines (la fête, le combat et l'engagement). Une production authentique.
Matthieu Aucomte "Nouvelle Vague" n° 171, avril 2011.
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Les cailloux
05 (intermède - c'est quoi l'amour)
12 la Chanson des Crevards